Pour Georges Castera, poète (1936-2020) 

Visage de la mort

les feuilles mortes flottant flasques en des vases de cristal exhalant des puanteurs végétales  et d’autres plus verdâtres à l’agonie sur la table d’acajou et les pétales asséchées  se miraient dans un portrait inconnu d’elles-mêmes épouvante consignée dans l’espérance de la nuit aux matines le bruit des navettes se mêlait aux hymnes et aux louanges l’oratoire de calcaire gris  résonnait d’orgues et de prières en latin d'église l’humanité en crise à genoux  sur le nord lumineux de la montagne  de la fenêtre contre le froid déluge en un hanchement sinueux ses reins creusés où l’ombre remue dans les bassins de lune ses lombes luxées par l’ossature de l’homme qui l’offense les pelles mécaniques la réveillent sous les cataractes de neige écroulées dans la nuit les sirènes des machines  font une lamentation exquise les lames s’abattent  en gerbes d'étincelles  et les gyrophares rouges sont mes jouets d’enfant au petit matin un engin jaune est passé sur le corps d’un vieil homme qui avait perdu son chemin loin de la Caraïbe son cerveau grisé de démence d’Alzheimer et de cannaies charmantes homme noir sur la rue blanche de sa maison il avait disparu quoique de sa mort nul ne fut coupable                                                                                                     Joël Des Rosiers, Montréal .

Joël Des Rosiers
11 févr. 2020 — Lecture : 2 min.

les feuilles mortes

flottant flasques

en des vases de cristal

exhalant des puanteurs végétales 

et d’autres plus verdâtres

à l’agonie sur la table d’acajou

et les pétales asséchées 

se miraient dans un portrait

inconnu d’elles-mêmes

épouvante consignée

dans l’espérance de la nuit

aux matines

le bruit des navettes

se mêlait aux hymnes et aux louanges

l’oratoire de calcaire gris 

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